Jiří Trnka

Jiří TrnkaJiří Trnka Sans jamais perdre de vue son intérêt spécifique pour les marionnettes, il a également l'occasion d'exprimer son talent au théâtre, lorsqu'on lui confie le poste de chef décorateur au Théâtre national de Prague. Dans la grande tradition nationale il y crée ainsi maints décors et costumes.

Avant la Deuxième Guerre mondiale, de petits studios et des créateurs isolés ont émergés. Ils ont tourné des dessins animés à vocation publicitaire. Ils s'inspiraient de Walt Disney et de films burlesques américains. Ensuite, pendant la Guerre, les Allemands ont essayé de fonder en République tchèque un grand studio, une sorte de concurrent de Disney. Ils ont embauché un nombre assez important de personnes, qui étaient, pour la plupart, des étudiants issus des universités tchèques fermées pendant l'occupation. Après la libération, cette équipe tchèque a sauvé ce studio et a demandé à Jiří Trnka, en tant que personnalité respectée dans le métier, de le diriger. Ainsi, le fameux studio d'animation « Bratři v triku » a donc vu le jour. En l'espace de cinquante ans, plus de 1600 films d'animateurs et scénaristes renommés, tels Břetislav Pojar, Zdeněk Miler, l'auteur du légendaire « Krteček », Adolf Born ou Jiří Brdečka ont été tournés. En 1946, Jiří Trnka a fondé un autre studio, celui du film de marionnettes.

L'Année tchèque (Špalíček)L'Année tchèque (Špalíček) Il réalise d'abord quelques courts métrages sur cellulose, puis se fait connaître avec un premier vrai film de marionnettes, L'Année tchèque (1947), qui met brillamment en scène les légendes et coutumes de son pays et attire l'attention de la critique internationale sur le cinéma d'animation tchèque. Il poursuit avec deux autres longs métrages très appréciés, Prince Bayaya (1950) et Les Vieilles Légendes tchèques (1952), avant de porter à l'écran une grande figure nationale dans Le Brave Soldat Chvéïk (1955).

Mais il se tourne également vers les chefs d'œuvre de la littérature mondiale et réalise successivement Le Roman de la contrebasse, d'après Tchekhov, L'Archange Gabriel et Madame l'Oye d'après Boccace ou encore Le Songe d'une nuit d'été d'après Shakespeare.

'La main''La main' Les bouleversements de la société au cours des années 1960 et l'accélération du progrès technique constituent pour lui de nouvelles sources d'inspiration, avec par exemple La Grand-mère cybernétique (1962). Dans La main (1965), son dernier film, il met en scène un Harlequin impuissant face à une main autoritaire et indestructible... Ce film fut d'ailleurs interdit de projection pendant de longues années, dans son pays d'origine.

'Songe d'une nuit d'été''Songe d'une nuit d'été' Son œuvre a été récompensée dans de nombreux festivals au cours desquelles on lui décerne une cinquantaine de distinctions.À l'occasion de son succès au Festival de Cannes en 1959, pour le Songe d'une nuit d'été, un critique anglais l'a surnommé "le Walt Disney de l'Est", mais Trnka n'a jamais été fasciné par Disney, comme la plupart de ses collègues. Il voulait faire ses films à lui, des films de marionnettes surtout, ce que Disney ne faisait pas. Chacun de ses films est différent, le côté plastique change, le sujet aussi, mais sa poésie reste la même.

Déjà en 1958 il avait été chargé de la décoration du pavillon tchèque à l'Exposition universelle de Bruxelles. Il est à nouveau sollicité pour celle de Montréal, l'Expo 67, pour laquelle il conçoit l'Arbre des jouets et l'Arbre des contes, deux créations très appréciées. La même année il est nommé professeur à la VŠUP. Jiří Trnka mourra d'une affection cardiaque en 1969, à peine âgé de 57 ans.